Jean Joyeux, l’expertise et la passion de la nutrition
  1.  Peux tu présenter?

La nutrition est une vieille histoire de famille, j’en ai reçu pour ainsi dire au biberon, mais ma véritable éclosion est relativement tardive. J’ai bifurqué vers la nutrition pendant mes études médicales à Turin, lorsque j’ai traduit « l’alimentation ou la troisième médecine » en langue Italienne. Je faisais alors de l’alpinisme à bon niveau, j’étais le plus souvent possible en montagne : cascades de glace, faces nord, voies rocheuses… J’étais instructeur du club alpin Italien, et je suis passé très près de devenir guide. La passion pour le sport et s’est naturellement greffée sur celle de la nutrition.J’ai donc quitté la médecine pour me lancer dans cette aventure.

De 2007 à 2015, j’ai travaillé pour un labo de micronutrition, comme formateur, mais aussi en tant que référent d’une gamme de nutrition sportive. Ce fut l’occasion de beaucoup de rencontres et de lectures, et de longues journées, semaines, mois passés à faire des recherches pour apprendre et comprendre encore… Cette recherche ne cesse d’ailleurs pas. J’ai acquis une grande connaissance des procédés de fabrication, des formules, des micronutriments, et j’aspire à apprendre encore beaucoup. La nutrition est une science qui est en plein renouveau.
Le trail se développant à grande vitesse, j’ai aussi pris quelques départs, pour tester les produits, comprendre ce que vivaient les athlètes que je suivais, et sans autre prétention que de courir. J’ai passé quelques lignes d’arrivées, de trails dépassant souvent les fatidiques 42,195 km.
Pour moi, l’enseignement autant que le coaching, ne peuvent se vivre pleinement que dans l’indépendance, ce qui m’a poussé à me lancer en libéral récemment. J’enseigne donc dans plusieurs écoles de naturopathie ou de nutrition, je donne des conférences sur tous les thèmes de la nutrition… et je consulte !

2. Tu es coach et formateur mais aussi spécialiste en micronutrition du sport, quels athlètes conseilles-tu?

Tous les sports ont un grand intérêt à travailler la nutrition. Il y a un travail colossal à faire, non pas pour générer plus de performance, mais plus de santé et de stabilité dans la performance. Un sportif en bonne santé assimile mieux ses séances, il finit donc par être meilleur, et dure plus longtemps.
Je suis beaucoup de coureurs de trail, dans toutes les distances, mais je me suis un peu fait une spécialité des profils sensibles au niveau digestif, dont beaucoup sont des coureurs d’ultra.
Quelques noms peuvent marquer les esprits, comme Julien Rancon ou Maud Gobert que l’on ne présente plus, d’autres moins connus comme Alexandre Mayer (10° cette année à l’UTMB), ou Amandine Ferrato (team NB, 5° au marathon du mont blanc, 2° au marathon des causses, Jean-Claude Mathieu (4° au Tor des géants cette année)… Et bien d’autres encore, moins connus, Je travaille également avec des coureurs sur route, des triathlètes, des grimpeurs, des skieurs-alpinistes, des cyclistes, des skieurs (j’ai travaillé avec l’équipe de France Dames de Ski Alpin de 2011 à 2014), des fondeurs (Maurice Manificat, médaille de bronze aux JO 2014). Je m’occupe aussi de femmes enceintes ou allaitantes, de personnes en surpoids, en troubles métaboliques, pathologies chronique… Le sport n’est pas une limite, et la nutrition concerne tout le monde !

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3. Qu’est ce que la « micronutrition sportive »? est-elle applicable au quotidien par tous et comment?

En réalité on parle de micronutrition pour faire une différence avec la nutrition ou la diététique classiques. C’est une approche qui considère moins la valeur calorique des différents nutriments que les rôles fonctionnels des nutriments. Le rôle biologique des vitamines, des minéraux, des acides gras, des oligoéléments, des acides aminés etc… sont regardés à fond, et toujours considérés bien avant l’apport strictement énergétique.
Ces connaissances de biochimie et de biologie cellulaire sont couplées avec de solides notions de la physiologie humaine, et de la physiopathologie. A partir de ces connaissances très scientifiques, on arrive à construire un équilibre beaucoup plus précis dans les apports. Du coup la cohérence avec le besoin individuel à un moment donné de la saison est très forte, et le changement alimentaire génère peu ou pas de frustration.

4. Quels sont tes projets professionnels et que vas-tu mettre en place prochainement?

J’ai beaucoup de formations à produire et à donner, de mémoires à suivre et d’étudiants ou de professionnels de santé (médecins, sage-femmes, biologistes, pharmaciens, ostéo, kiné, diététiciens…) à former, donc ça me prend beaucoup de temps, en plus des consultations, coachings et conférences.
J’aimerais développer chacun de ces aspects.
Mon projet est ainsi : apprendre pour moi, encore et encore, transmettre, informer, former, coacher… et partager. Vaste programme !

5. Tu es le référent nutrition du blog terre de runners, as-tu un message en particulier à adresser à la communauté de runners?

J’en aurais beaucoup à faire passer, et j’aurais l’occasion de les développer en particulier en fonction des demandes des « Tdrunners », mais un message me tient à cœur, qu’il faut sans cesse répéter et rénover, mais qui est vieux de plus de 2000 ans : Hippocrate disait « fais que ton aliment soit ton premier médicament »… Plus récemment, Jean Rostand (biologiste, philosophe, humaniste… le fils d’Edmond, l’écrivain) suggérait « Un bon menu vaut mieux qu’une ordonnance ».

Pour contacter Jean : Joyeux.Jean@neuf.fr